Après l’envolée des coûts d’alimentation et de l’énergie consécutive à la guerre en Ukraine, la filière du poulet fermier retrouve un terrain plus favorable. La détente des cours agricoles – avec un blé retombé sous 200 €/t – atténue la pression sur les marges et se répercute progressivement sur les prix en rayon. Dans un contexte où les matières premières entrent dans une phase de réévaluation, la volaille élevée en plein air redresse la tête, portée par une demande qui se normalise et par un cadre réglementaire européen stabilisé sur l’étiquetage des mentions « fermier ».
Ce retournement s’inscrit dans un cycle plus large des matières premières, marqué par des prévisions de baisse pour 2025-2026 et un réalignement des marchés. Les éleveurs de qualité certifiée – de Loué aux Volailles de Licques, en passant par Maître CoQ, Le Gaulois, Duc, Père Dodu, Cocorette et les Fermiers de Loué comme « Les Fermiers de la Région » – capitalisent sur cette accalmie pour réancrer le Label Rouge dans l’acte d’achat. Reste une variable sensible : la santé animale, notamment la grippe aviaire, qui continue de rythmer les arbitrages de production et de prix. La question demeure: jusqu’où le reflux des céréales peut-il se transmettre aux étiquettes sans fragiliser l’amont?
Matières premières et coûts d’alimentation: le reflux des céréales relance le poulet fermier
Le repli du blé tendre sous 200 €/t allège instantanément le coût des rations pour les élevages plein air, après une séquence 2022-2023 dominée par la cherté des intrants. Les analyses convergent: la baisse des commodités agricoles et de certains produits énergétiques apporte un soutien décisif à la compétitivité du poulet fermier face au standard.
Les grandes perspectives confirment ce cycle: la Banque mondiale anticipe une décrue des prix des matières premières en 2025-2026, tandis que les synthèses sectorielles signalent un environnement moins inflationniste, bien que heurté. Dans ce cadre, la transmission aux étiquettes se fait par paliers, notamment lorsque contrats d’aliments, énergie et logistique sont renégociés.
- Repli synchronisé des commodités: analyses sur la détente attendue en 2025-2026 et sur le rééquilibrage post-2024.
- Diagnostic marché: prévisions moroses de CyclOpe et lecture macro de l’Agefi.
- Transmission aux filières: carburants, fret et distillés en recul selon BNP Paribas, impactant l’équation coût alimentaire + logistique.
- Arrière-plan géopolitique: débat sur la « fracturation » des marchés de base, à suivre via Philippe Chalmin et la chronique de RFI.
Insight: dans un environnement de réévaluation, la baisse des céréales agit comme un multiplicateur de compétitivité pour les élevages fermiers, à condition de sécuriser l’énergie et la logistique.

Prix en rayon du Label Rouge: arbitrages des ménages et retour en grâce
La détente des intrants redonne de l’air au Label Rouge, avec un poulet entier en moyenne autour de 6,90 €/kg, désormais compétitif face à des découpes standard plus onéreuses au kilo. Les volumes se redressent, portés par une sensibilité accrue au prix, premier critère d’achat pour des ménages encore contraints.
Les enseignes valorisent l’origine et le plein air, tout en multipliant les promotions ciblées sur des marques connues. Cette visibilité réinstalle le produit festif-quotidien dans les paniers, au bénéfice des bassins historiques et des labels régionaux.
- Marques et bassins mis en avant: Fermiers de Loué, Volailles de Licques, Maître CoQ, Le Gaulois, Duc, Père Dodu, Cocorette, « Les Fermiers de la Région ».
- Omnicanal: arbitrages entre magasin et e-commerce, formats entiers vs découpes, offres famille.
- Signal-prix: baisse progressive liée aux renégociations de contrats d’aliments et d’énergie.
- Veille marché: suivi des cours via analyses macro et observatoires sectoriels.
Insight: si le différentiel de prix se resserre, la valeur perçue (goût, bien-être animal, origine) renforce l’attractivité du fermier.
Normes européennes d’étiquetage: un cadre stabilisé qui protège la valeur « fermier »
La révision des normes de commercialisation a confirmé les mentions « fermier élevé en plein air » et « fermier élevé en liberté », essentielles à la lisibilité pour le consommateur et à la prime de qualité pour l’éleveur. Cette clarté réglementaire limite l’ambiguïté concurrentielle et sécurise l’investissement dans des modes d’élevage exigeants.
Pour la distribution, l’alignement des mentions et des cahiers des charges facilite la construction d’assortiments cohérents et la communication en rayon. En filigrane, c’est la stabilité du signal-prix de la qualité qui est confortée.
- Lisibilité renforcée: réduction du risque de confusion entre standard, plein air et liberté.
- Valorisation: meilleure transmission de la valeur ajoutée au long de la chaîne.
- Compétitivité: appui aux filières Label Rouge face aux importations et MDD standard.
- Contexte matières: cadre lisible utile dans un marché encore volatil, comme le montrent les projections de prix.
Insight: la norme stabilisée agit comme un « ancrage » de confiance, indispensable lorsque les marchés des intrants oscillent.
Grippe aviaire et volatilité: comment la filière amortit les chocs
Les épisodes de grippe aviaire restent un facteur de volatilité des volumes et des prix. Les mesures de biosécurité, la planification de remise en place et les dispositifs d’indemnisation deviennent des compartiments clés de gestion du risque pour les élevages fermiers.
La communication pédagogique sur les hausses temporaires liées aux vides sanitaires permet de préserver la confiance. Sur le plan des coûts, la diversification des fournisseurs d’aliments et la mise en réserve de céréales aident à lisser les à-coups.
- Risque sanitaire: décryptage des effets prix-volumes via cette analyse dédiée.
- Outils d’amortissement: contrats d’aliments indexés, plans de biosécurité, assurances paramétriques.
- Planification: échelonnement des bandes et coordination avec les abattoirs pour sécuriser les flux.
- Veille: suivi transversal des marchés via perspectives matières et notes de marché.
Insight: la résilience se joue autant sur la biosécurité que sur la maîtrise du cycle d’approvisionnement en intrants.
Perspectives 2025-2026: marges, demande et résilience du poulet fermier
Les scénarios de marché privilégient une détente graduelle des coûts, sous réserve d’aléas géopolitiques. Côté demande, le pouvoir d’achat contraint incite à des arbitrages en faveur des produits à forte valeur perçue lorsque l’écart de prix devient abordable, facteur de soutien au fermier entier.
La discipline d’investissement et la maîtrise du besoin en fonds de roulement restent déterminantes. Dans un environnement de rigueur budgétaire et de normalisation des politiques monétaires, la filière gagne à consolider sa structure de coûts et à affiner ses promotions.
- Scénario central: matières premières en reflux (cf. Banque mondiale), marges en redressement progressif.
- Risque baissier: résurgence de tensions énergétiques et logistiques; voir les diagnostics CyclOpe.
- Risque haussier: regain de la demande domestique et export si l’écart de prix se resserre.
- Gouvernance: transparence prix/valeur et réformes structurelles de productivité en abattoirs.
Insight: la trajectoire la plus probable reste une amélioration graduelle des marges, ancrée par des coûts d’intrants modérés et une demande sélective.
Cas pratique: « Les Fermiers de la Région » face au cycle des intrants
Illustration avec une coopérative type ancrée dans un bassin historique. Avec une baisse de 15 % des coûts d’aliments en glissement annuel et une optimisation énergétique (contrats groupés), cette structure réoriente ses volumes vers l’entier Label Rouge, plus lisible pour les ménages.
Un plan merchandising en partenariat avec Le Gaulois et Maître CoQ sur des semaines thématiques « plein air » catalyse la demande, tandis qu’un contrat d’approvisionnement céréales fixe un plancher de sécurité. Le tout est assorti d’un calendrier de bandes pensé pour limiter l’exposition aux pics de grippe aviaire.
- Actions clés: contrats indexés sur blé/maïs, achats groupés d’énergie, calendrier de remise en place.
- Mix produits: recentrage sur entier et ailes/cuisses familiales; complément œufs fermiers via Cocorette.
- Distribution: opérations co-brandées avec Fermiers de Loué et focus terroirs (ex. Volailles de Licques).
- Veille matières: suivi hebdomadaire via analyses macro et sources spécialisées.
Insight: une stratégie d’achats disciplinée et une narration claire autour du « plein air » consolident la reprise, même dans un cycle de matières premières encore mouvant.
ournaliste spécialisée en finances publiques et stratégies d’entreprise, j’analyse les politiques économiques et leurs impacts sur les acteurs du marché. Mon parcours m’a conduit à collaborer avec divers médias économiques, où j’ai développé une expertise reconnue dans l’évaluation des réformes fiscales et des performances corporatives.



